Edito

A 800 à l’heure : une journée avec le Président de la République

Le 14 juillet 2005, quelques mois après avoir été élue Sénateur du Val-de-Marne, j’avais eu l’immense plaisir d’être invitée à l’Elysée. Certes, j’étais avec 6 ou 7 000 autres personnes, mais j’étais quand même très fière. Puis se sont succédées réunions des parlementaires, cérémonies des vœux Les belles salles de l’Elysée et les jardins n’ont plus de secret pour moi. J’ai même déjeuné avec le Président Chirac en petit comité à 2 reprises (à Elysée et au domicile de Jean-Pierre Raffarin). Mais, jamais avec le Président Nicolas Sarkozy… Jusqu’à ce mois de mars.

Appel téléphonique sur mon portable : c’est l’Elysée. Un conseiller m’annonce que le Président m’invite à l’accompagner dans un déplacement éclair dans la Drôme … dans son avion privé! Naturellement, j’ai d’autres « rendez-vous », mais voyager dans le French Air Force One, c’est une occasion à ne pas rater !

Arrivée à l’Elysée à 9h30, je monte immédiatement dans une voiture et pars vers Villacoublay ; des motards nous escortent, nous font brûler les feux rouges, passer sur la partie gauche de la voie … comme si l’avion allait décoller sans le Président ! Pas de formalité ni de contrôle à l’aérodrome. Il y a deux Ministres (Eric Besson et Laurent Wauquier), 8 parlementaires (5 députés, 3 sénateurs), et plusieurs conseillers qui ne se présentent pas… Ils se pensent sans doute aussi célèbres que leur patron! Dans l’avion, une quinzaine de sièges. Laurent Wauquier joue les stewards et me désigne le mien.  Les Ministres s’installent avec nous et non dans la cabine qui leur est réservée. L’avion décolle . Le Président qui nous a invité n’est cependant pas venu nous saluer. Très vite Raymond Soubie, son conseiller social, vient chercher 4 d’entre nous pour discuter avec le Président ; il rassure les autres : nous, ce sera au retour : il n’y a pas assez de places dans la cabine Présidentielle. Je m’entretiens avec cet éminent conseiller de mes projets visant à améliorer la loi sur le service minimum. Etonnement de ma part : il sait qui je suis, et connaît chacun des aménagements que j’ai apportés à cette loi (j’en étais le rapporteur), me demande mon avis sur le travail le dimanche, Pôle emploi … 

Après 45 mn atterrissage. On nous a prévenus : il ne faut pas traîner ! Les parcours et arrêts sont chronométrés, nous devons être revenus à Paris à 15H30. Si l’un de nous s’attarde, le convoi ne l’attendra pas ! Nous nous précipitons dans les voitures qui démarrent à toute vitesse, guidées par des motards, les gendarmes, bloquant les voies de chaque village traversé J’ai attaché ma ceinture de sécurité. Même si on ne roule pas à 170 et que les paparazzi sont restés au chaud, je n’ai pas envie de finir comme Diana !

Premier arrêt : une réunion dans le gymnase d’une (très) petite ville. Le Président se fait un peu attendre : il visite une entreprise. 20 mn après il est sur scène pour présenter son projet de réforme de la Formation professionnelle. Puis le discours immédiatement terminé, on passe par les coulisses, et on repart à toute vitesse vers un autre village… où 1500 militants attendent debout le Président depuis 2 heures. L’UMP prend beaucoup de précautions avec les horaires ! Là, c’est la « standing ovation ». Sarko est excellent, à l’aise, comme on l’est avec des amis, expliquant ses choix, son action avec brio, ridiculisant le PS !  Il signe quelques autographes,  sert les mains les plus proches de lui… et re-course à travers la campagne. Je m’aperçois que même la circulation sur les ponts est arrêtée quand le convoi passe. Les mesures de sécurité sont rodées.

On remonte dans l’avion sans perdre une minute, et dès qu’il est possible de détacher la ceinture, je suis invitée à rejoindre dans sa cabine le Président.

C’est moins somptueux qu’une 1ère à Air France, sièges larges et confortables, mais comme en classe affaires. Les 2 ministres sont face au Président, les 4 parlementaires sur les 4 autres sièges. Il ne nous demande pas ce que l’on a pensé de ses propositions. Il évoque la situation en outre-mer, la candidature de Nice et Annecy pour les jeux Olympiques d’hiver, son départ prochain au Mexique, son court séjour au ski avec Carla, Louis et Aurélien. Eric Besson parle du film « Welcome » On intervient spontanément les uns et les autres… hormis que l’avion est hyper bruyant et que certains mots ou phrases m’échappent.

Déjeuner. Le Président prend une salade et de la viande froide (il évite de trop manger nous dit-il). Nous, ce sont des pâtes pas bonnes avec une viande que je ne qualifie pas : c’est meilleur dans les charters ! Quand je lui demande si je peux le prendre en photo, il répond : 

« tu prends toutes les photos que tu veux » (donc, il tutoie bien facilement !) « je vais quand même fermer un bouton de ma chemise ».

Juste à temps car l’avion redescend. On retrouve les voitures, les motards. A 16 h, je suis de retour au Sénat, avec la nausée (voiture et repas dans l’avion), un peu étourdie de la vitesse à laquelle tout s’est fait. Le Président lui continuait sa journée au même rythme. Speedy Sarko, c’est un surnom qu’il n’a pas volé !

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